Crédit photos : WWE
Lorsque la WWE annonce la tenue du Greatest Royal Rumble, personne ne sait réellement à quoi s'attendre. Pourtant, au fil des semaines, la compagnie de Stamford construit une promo solide autour de l'événement, en l'incluant presque comme un pay-per-view à part entière dans son calendrier. Pas moins de sept titres y sont défendus, des noms prestigieux comme l'Undertaker, Triple H ou encore John Cena doivent apparaître et un gros Royal Rumble match à 50 superstars doit illuminer la soirée. Cependant, plusieurs points interpellent, à commencer par le cadre de ce rendez-vous : l'Arabie Saoudite.
L'ouverture à tout prix !
Depuis déjà de nombreuses années, la WWE veut se lancer à la conquête du monde et en particulier du continent asiatique. Le Greatest Royal Rumble s'inscrit dans cette volonté de mettre en avant une audience plus internationale, pour sortir de la zone de confort en Amérique du Nord. Si les pays européens et ceux de la zone océanique sont bien positionnés pour accueillir un gros pay-per-view, c'est pourtant l'Arabie Saoudite qui a décroché la timbale. La compagnie américaine a mis le paquet pour impressionner son hôte avec des entretiens accordés à la presse locale, des dîners quasi diplomatiques et un déploiement de toute la puissance de son roster avec des figures emblématiques qui prennent la pose avec de hauts dignitaires saoudiens. Tout cela mène à un show qui a duré environ 5 heures dans une arène immense, avec feux d'artifice et surtout des moyens que nous pouvons considérer comme bien supérieurs à ceux d'un WrestleMania 34. Pourtant, depuis le début, quelque chose semble sonner faux... Si une fois le show plié, il est possible de critiquer la qualité des combats et leurs résultats (ce qui n'est pas le but de cet article), le débat est pourtant vif en rapport à de nombreuses zones d'ombre qui entourent l'organisation de cette petite sauterie qui sent bon l'oseille. Vos commentaires ont été nombreux (et parfois houleux) autour de la question sur la place du roster féminin totalement absent de ce Greatest Royal Rumble. Nous allons revenir là-dessus mais pas seulement... Tout n'est pas noir bien au contraire, mais il faut bien admettre que ce pay-per-view hors du commun laisse un petit arrière goût dans la bouche...
S'il est évident que la WWE a obtenu une belle aide financière de la part du pays d'accueil, la compagnie de Stamford a pris un vrai risque en se rendant sur une terre qui semble si éloignée du monde du catch. Pourtant, nous l'avons vu via plusieurs clips et à certains instants de la soirée, les fans existent bel et bien en Arabie Saoudite. Nous sommes loin de l'engouement qu'un passage de la ligue peut susciter en occident mais le Greatest Royal Rumble a fait son petit effet sur place, si bien que nous avions l'impression que tout le pays se sentait concerné par cette manifestation ludique. Dans sa volonté de partir à la conquête du globe, la compagnie de Vince McMahon devra forcément poser ses valises hors de son confort habituel, en goûtant à des cultures radicalement différentes et à des coutumes pas toujours faciles à assimiler. Pour le coup, nous pouvons féliciter toutes les superstars qui ont fait le déplacement et qui ont une fois encore offert une magnifique image du catch. C'est vrai, la WWE sait s'exporter avec brio et finalement, ce pay-per-view était avant tout un voyage diplomatique, comme en attestent les résultats des matchs, sans changement de titres majeurs comme cela aurait dû être le cas dans un show à enjeu. Il faut être clair, le catch, c'est avant tout du divertissement et y placer des problématiques politiques et culturelles dépasse clairement notre juridiction. Cependant, lorsque ces us et coutumes ont de réelles répercutions sur l'événement en lui-même, il y a de quoi se sentir gêné voire totalement mal à l'aise.
Quand l'argent fait sa loi !
C'est à ce moment que nous nous devons d'évoquer les superstars féminines qui n'ont pas eu droit au moindre combat durant cette soirée. Pire encore, Renee Young n'était même pas au panel du kickoff et toutes les catcheuses se retrouvaient rayées des livres de la WWE le temps d'un soir, avec aucune apparition dans les différents spots diffusés sur place. La raison ? La place de la femme dans la société saoudienne. Nous n'allons pas entrer dans les détails du droit de la femme en Arabie Saoudite (Wikipédia le fera bien mieux que nous) mais il est clair que la compagnie de Stamford a dû faire une concession de taille. Renoncer, même si ce n'est que le temps d'un soir, à toute sa volonté de révolution féminine voire même de soutien de la cause LGBT, régulièrement mise en avant par un des catcheurs les plus plus populaires du roster : Finn Balor. Si sur le plan de son expansion à travers le monde la WWE semble avoir franchi une étape avec le Greatest Royal Rumble, la ligue a aussi donné l'impression d'avoir fait plusieurs pas en arrière dans sa volonté de défendre des causes et de prôner l'égalité. Vous savez, ces messages que les superstars répètent sans cesse à travers des storylines et autres déclaration dans les médias... Ne pas victimiser une autre personne, toujours respecter son adversaire, aider son prochain, aimer malgré la différence, combattre la maladie, placer la femme à égalité avec l'homme... les sujets sont si nombreux. La WWE est une société un peu à part car sous ses airs de divertissement bourrin dénué de sens bien souvent moqué par des médias peu intéressés par le sujet, le catch américain veut servir d'exemple aux plus jeunes, pour des raisons économiques évidentes mais les messages n'en restent pas moins sincères. Il est bien triste de constater qu'un gros chèque peut faire tout voler en éclats.
Finalement, cet événement en Arabie Saoudite allait à la fois dans le sens de la volonté de la WWE à continuer d'étendre son empire, et aussi à contre-courant d'un point de vue purement idéologique. Si un pays est bien souverain dans ses frontières et qu'il peut y faire sévir des coutumes qui peuvent être à nos yeux considérées comme totalement aberrantes, il est important de revenir avant tout au catch car c'est bien cela le sujet. Il faut le reconnaître, la carte de ce Greatest Royal Rumble a été affectée par les conditions dans lesquelles l'événement se déroulait. Nous imaginons mal la WWE décider d'elle-même de balayer son roster féminin pour des raisons purement créatives. Nous n'évoquerons même pas la disqualification d'office de Sami Zayn pour cet événement, à cause de ses origines syriennes. Cette soirée nous a appris une chose, même sous les apparences légères du divertissement, c'est l'argent qui commande et beaucoup d'entreprises comme la compagnie de Stamford sont prêtes à mettre de côté leur morale comme leurs idéaux pour espérer brasser toujours plus de part de marché. La WWE pouvait-elle vraiment changer les mentalités sur place ? Était-ce vraiment son but ? Sans doute pas mais d'un point de vue purement moral, Vince McMahon et compagnie ne pouvaient pas faire pire. Même si un tel sujet peut sembler être totalement secondaire lorsque nous avons seulement une place de spectateur, il est parfois bon, ne serait-ce qu'une fois, de voir plus loin et de se poser quelques questions. Ce Greatest Royal Rumble en soulignait plus d'une. Nous n'avons aucun doute sur le fait que la WWE redeviendra elle-même dès le RAW suivant, mais cette petite étape pourrait bien être un boulet que la compagnie risque de se traîner un moment. Prôner l'égalité, la révolution féminine à longueur de temps engage hélas à une irréprochabilité de chaque instant. La WWE a clairement échoué en ce domaine, mais souvenons-nous qu'il s'agit avant tout de catch et pour que les mentalités changent vraiment, il faudra toujours plus que des gars qui se battent en « slip ».
Et vous, qu'avez-vous pensé de l'organisation de ce Greatest Royal Rumble ? La WWE a-t-elle commis une faute en se rendant en Arabie Saoudite ? Nous vous encourageons à débattre dans la sérénité et le respect. Si la tension monte d'un cran, repensez à la glissade de Titus O'Neil pour retrouver le sourire. Ça fonctionne à tous les coups !