Il y a des gens qui se sentent à l'aise dans toutes les disciplines, qu'elles soient populaires ou non. C'est le cas de Thibaud Vézirian, journaliste passé par TF1, LCI, D8, et qui officie désormais sur CNEWS ainsi que sur First Team, chaîne YouTube dédiée au sport sous toutes ses formes. Exemple parfait de l'animateur du 21ème siècle, Vézirian s'est toujours montré ouvert au Catch, et pour cause !
Frère d'un catcheur reconnu, ce-dernier ne manque pas de légitimité pour mettre un coup de projecteur sur notre discipline favorite. Nous sommes donc allé nous entretenir avec "T.V." pour parler de la carrière de son aîné, de sa relation avec les journalistes les moins cultivés, et de ses projets pour l'avenir.
Tout d'abord, merci à toi Thibaud de nous accorder cet entretien ! Comme à chaque interview, il est bon de commencer par savoir quels sont tes tous premiers souvenirs de Catch ?
Je n’ai pas vraiment en tête de combats ou de shows en particulier. Peut-être des In Your House avec Diesel et Shawn Michaels, des combats de Yokozuna, du Brooklyn Brawler (!), de Doink ou de Bam Bam Bigelow. Cette époque-là.
Ça n’échappe à aucun fan de Catch français, ton nom de famille évoque celui de ton frère, je suppose que tu as vécu une période de passion commune ?
J’ai 2 ans de moins que mon frère (Roméo sur le ring) donc on a commencé à regarder le catch au début des années 90, les après-midi devant Canal+. Et ça nous est resté. Lui, plus que moi, bien sûr. Il ne rate rien. Et vit désormais aux USA. J’ai été grand fan de Bret Hart puis de Rocky Maïvia. Et avec le football et ensuite le travail de journaliste, j’ai légèrement décroché. C’est-à-dire : je suis les résultats et l’évolution mais je ne regarde plus de shows en entier. Je vais regarder des matchs particuliers, suivre de près les réseaux sociaux et mater des extraits sur YouTube.
Je ne me réveille plus comme on le faisait, en pleine nuit, pour un PPV. J’ai vieilli ! Lui commandait les VHS depuis l’étranger, on se calait dans le salon familial et je regardais ça avec lui. Mais il était toujours à l’initiative. C’est d’ailleurs à cette époque (du Minitel !) qu’il a tissé ses premiers liens avec les fans de catch français et notamment Christophe Agius.
Quand as-tu su que ton frère voulait devenir acteur de ce métier ? Était-ce annoncé très tôt dans sa vie ?
Il a toujours dit qu’il voulait devenir catcheur, au grand dam de notre mère. Elle n’y a jamais cru, pensant qu’il fallait peser 130 kg et mesurer 2m pour être catcheur. Quand il a été reçu sur le plateau du Grand Journal de Michel Denisot avec Booster et Bulla Punk, nos parents ont commencé à se dire que c’était vraiment du sérieux ! Et il a ensuite très bien réussi à communiquer vie pro/vie de famille/vie sportive.
Au-delà des péripéties de sa formation, comment as-tu vécu sa carrière (la découverte du métier et de la difficulté du Catch indépendant) ?
J’étais là pour ses premiers shows, notamment un en plein air dans le sud de la France. Une centaine de personnes. De mémoire, c’était sur un parking de supermarché [ndlr : nous étions à ce show]. Je crois que j’ai encore les extraits sur YouTube. Très bon souvenir ! Le vrai catch amateur avec une grosse ambiance. Son gimmick était le « Paris Hilton’s boyfriend », certains fans français y croyaient vraiment… Il avait trouvé un bon moyen de faire réagir les foules. Très bon au micro, il s’est trouvé tout de suite. Et grâce aux différents stages, il s’est amélioré techniquement de semaine en semaine… Même si, il faut l’avouer, c’est sur le matelas du lit de nos parents, pendant toute notre jeunesse, qu’il a commencé à tester ses premières prises sur moi ! J’en ai encaissé des powerbomb et des pedigree dévastateurs ! L’été, on allait aussi chez des amis qui avaient des piscines pour se faire des catchs… très bon !
Je l’ai toujours soutenu dans son évolution. Le plus important, c’était son plaisir. Et ça transpirait sur le ring. Un passionné parmi les passionnés, ça fonctionnait bien. Maintenant qu’il catche aux Etats-Unis, je suis moins ses prestations. Sa blessure à l’épaule (il était encore en France) lui a mis un petit coup d’arrêt et je n’ai pas été le revoir catché depuis (me semble-t-il). Tout est question d’opportunité. S’il est amené à nouveau à catcher près de Paris, bien sûr que je serai là.
Désormais expatrié aux États-Unis, il évolue dans une petite promotion de Georgie, est-ce-que cet exil fascine toujours tes amis et/ou collègues ?
Il n’est pas parti aux Etats-Unis que pour le catch. Il y a d’abord une histoire d’amour et un travail. Le catch, c’est le bonus. Mais oui, avoir un frère catcheur fascine. Les Français comprennent tellement peu le catch, si bien qu’à chaque fois qu’on me dit « tu as un frère catcheur », je vois les yeux de mes interlocuteurs sortir de leur orbite. Ils ne comprennent pas : Est-ce du théâtre ? Du sport ? Le fameux « Mais c’est bidon ! » est insupportable. On m’en parle moins, mais j’ai toujours régulièrement des remarques à ce sujet.
En parlant de réaction extérieure, tu es un journaliste reconnu dans le milieu sportif. Parmi les différentes rédactions dans lesquelles tu as exercé, n'as-tu pas souvent entendu des réflexions idiotes sur le Catch ?
Tout le temps. Pourtant, dès que je diffuse des images, les collègues sont impressionnés. Mais c’est culturel, ils ne comprennent pas du tout comment ça fonctionne. Comment ça peut être intéressant si c’est scénarisé ? Voilà ce qui revient souvent. Dés qu’on explique, ça va mieux. Je leur dis souvent que ce sont des cascadeurs de génie qui réalisent une performance de théâtre-sportif. Et que le public à un rôle énorme à jouer. Mais dès qu’un public est en liesse, que ce soit dans un stade de foot ou ailleurs, il y a en France un peu de dédain ou des moqueries. C’est très bizarre cette conception mais c’est bien la norme.
Le catch n’est pas considéré à sa juste valeur, mais j’œuvre à mon échelle pour faire mieux comprendre ce sport. Ça a été une grande satisfaction d’arriver à diffuser du catch à l’époque dans Touche Pas à Mon Sport (C8) puis de faire venir Chris Agius en invité. Au final, sa venue a été très appréciée. Mais ça aurait pu me revenir dessus comme un boomerang si ça n’avait pas fonctionné.
T'es-tu souvent pris d'une envie de rentrer dans un débat acharné avec les personnes les plus mal informées ?
Toujours ! C’est aussi mon côté journaliste qui ressort. Ne pas laisser les gens dire n’importe quoi ou repartir avec des idées fausses. Donc oui, je me bats pour faire comprendre le catch à ceux qui ont des idées bien loin de la réalité.
De manière générale, le Catch est très mal compris des médias, d'où cela vient-il selon toi ? Est-ce un problème purement français ?
Ça me semble très culturel. Soit les Français ont encore l’image de l’Ange Blanc, soit ils estiment que le catch est grotesque. Le tout, sans s’y intéresser une seconde. La prolifération d’émissions de catch à la TV et j’espère bientôt sur YouTube va éduquer une nouvelle génération et permettre d’ouvrir le catch au plus grand monde. C’est une bonne évolution. Avec Internet, tout a changé et c’est bon pour le catch.
Je ne sais pas si c’est un problème purement français, je n’ai pas de recul là-dessus.
Vu ta capacité à traiter de différents sports (à la télé sur CNEWS ou sur internet avec First Team), as-tu déjà exprimé l'envie d'être aux abords du ring pour commenter ? As-tu déjà reçu des propositions allant dans ce sens ?
Je n’ai jamais été spécialement attiré par ça. Par exemple, je n’aime pas trop le métier de journaliste de bord de terrain car les joueurs n’ont rien à dire à ces moments-là des matchs et les journalistes n’ont pas le temps d’installer une proximité ou du naturel.
On ne m’a pas encore proposé de faire du commentaire, je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. D’une saison à une autre, j’ai toujours évolué et rencontré de nouvelles personnes pour de belles aventures. Mais sachez que mes adversaires à Fifa18 connaissent bien mes talents de commentateurs ! On baisse le volume de Mathoux/Menes et ça y va ! :) Je me prends souvent à commenter passionnément un bon match de Fifa contre des potes. Et ça s’emballe fort !
Tu es connu des plus jeunes pour ton travail sur First Team, chaîne YouTube de sport (NBA, foot européen, parfois cyclisme, NFL...) Dans une récente FAQ, on a entendu Thomas Dufant émettre l'idée d'une émission Catch. Est-ce vraiment dans les tuyaux ?
C’est dans les tuyaux avec un concept déjà écrit, un trio déjà calé et ravi de travailler ensemble. Mais ça ne s’est pas encore concrétisé du côté de Webedia/First Team. C’est en attente. Peut-être sur YouTube à la rentrée en bi-mensuel ou mensuel, j’aimerais beaucoup ! Si ça ne se fait pas chez eux, on ne s’interdit pas de lancer le programme de notre côté. Il faut des investisseurs pour que ce soit viable. En tout cas, nous sommes prêts. Trio inédit mais on se connaît depuis longtemps, ça devrait fonctionner facilement. Bienveillance, bonne humeur, bonnes idées et interactions. Les rôles sont identifiés, les rubriques aussi, on y croit fort. Si je vous dis Philippe Chéreau et Christophe Agius, vous connaissez ?
Merci d’avoir répondu à nos question Thibaud, à une prochaine fois !
Merci à vous et longue vie à Catch Newz !